L’incroyable chute de Bachar al-Assad, après un complot mûrement préparé par les occidentaux avec la complicité de la Turquie

La prise de Damas par les rebelles signe la fin d’une ère marquée par la répression politique, entamée en 1970 par l’accession au pouvoir de Hafez al-Assad.

« La Syrie est à nous, elle n’est pas à la famille Assad ! » Dans les rues de Damas, l’heure était à la liesse, dimanche 8 décembre. Quelques heures plus tôt, les rebelles menés par des islamistes radicaux annonçaient à la télévision publique la chute du président Bachar al-Assad et la « libération » de la capitale syrienne, après une offensive fulgurante.

« Après cinquante ans d’oppression sous le pouvoir du [parti] Baas et treize années de crimes, de tyrannie et de déplacements, nous annonçons aujourd’hui la fin de cette ère sombre et le début d’une nouvelle ère pour la Syrie », ont déclaré les rebelles. Franceinfo revient sur ces cinq décennies de dictature, qui ont profondément meurtri le pays.

Une prise de pouvoir par la force avec Hafez al-Assad 

Avant Bachar al-Assad, il y a eu son père, Hafez al-Assad. A la tête du parti Baas, celui-ci avait imposé lors d’un putsch le 16 novembre 1970 un régime opaque et paranoïaque, où le plus infime soupçon de dissidence pouvait faire expédier quelqu’un en prison.

Hafez al-Assad fait emprisonner pendant vingt-trois ans le président déchu, Noureddine al-Atassi. Une nouvelle Constitution adoptée l’année suivante fait du parti Baas le « dirigeant de l’Etat et de la société », et instaure le « référendum présidentiel ». 

Elu président de la République par référendum en 1971, Hafez al-Assad le restera jusqu’à sa mort en 2000. Pendant trois décennies, le pays se referme sur lui-même : l’opposition et la presse sont muselées, les manifestations bannies et l’état d’urgence décrété.

En février 1982, le pouvoir mate dans le sang une insurrection des Frères musulmans, sa bête noire, dans la ville de Hama, dans le centre du pays. En raison d’un black-out médiatique, les estimations du bilan humain varient entre 10 000 et 40 000 morts. « Il a fallu plus de trois semaines aux forces syriennes, qui ont eu recours à l’artillerie et aux blindés, pour venir à bout de ce soulèvement, au prix de destructions et de pertes humaines considérables. Selon des témoignages, plus de 10 000 soldats furent mobilisés », relève France

La famille al-Assad, en 1985, avec notamment le président Hafez (assis), son épouse Anissah Makhlouf (assise) et son fils Bachar (2e à gauche). (AFP)