La 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU s’ouvre sur le « Pacte pour l’avenir »
Les 193 États membres des Nations unies ont voté dimanche l’adoption d’un texte visant notamment à réformer les institutions internationales.
OLJ / Sylviane ZEHIL, des Nations unies à New York, le 23 septembre 2024 à 23h36
New York connaît encore une fois la folie sécuritaire pour l’ouverture de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, mardi 24 septembre, sous la présidence du Camerounais Philémon Yang. 133 chefs d’État ou de gouvernement sont attendus, dont notamment les présidents américain Joe Biden, français Emmanuel Macron, iranien Massoud Pezeshkian, turc Recep Tayyip Erdogan, et de nombreux autres responsables représentant 193 nations, des ONG, des représentants de la société civile et de jeunes leaders. À l’ordre du jour : « Ne laisser personne de côté : agir ensemble pour promouvoir la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures. » Cette 79e session annoncera-t-elle un tournant historique qui « fera la différence », comme le souhaite la représentante des États-Unis auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU), Linda Thomas Greenfield ?
« Un nouvel ordre pacifique mondial »
Les États-Unis ont abordé cette nouvelle réunion de l’Assemblée générale forts de nouveaux engagements pour créer des Nations unies plus efficaces, et en particulier un Conseil de sécurité « plus inclusif, représentatif et légitime », selon les mots de l’ambassadrice américaine. Et « le Pacte pour l’avenir », avec le Pacte numérique mondial (AI) et la Déclaration sur les générations futures, visant à dessiner « un avenir meilleur » pour une humanité éprouvée par les guerres, la misère et le réchauffement climatique, a déjà été adopté par consensus dimanche 22 septembre lors du « Sommet de l’avenir », malgré l’opposition d’une poignée de pays, dont la Russie, l’Iran, la Corée du Nord et la Syrie. Cet accord signale l’engagement des États membres à créer des Nations unies plus adaptées aux réalités du XXIe siècle. « Le Pacte pour l’avenir ne se contente pas de répondre aux crises actuelles mais pose les bases d’un nouvel ordre pacifique mondial », s’est félicité le président de l’Assemblée générale, Philémon Yang.
Les négociations ont été âpres jusqu’à la dernière minute, le secrétaire général de l’ONU avait même préparé plusieurs versions pour son discours, anticipant un potentiel échec des pourparlers. Avant le sommet, Antonio Guterres avait laissé transparaître une certaine frustration sur l’ambition du texte devant permettre de renforcer des institutions « obsolètes » et « totalement inadaptées pour faire face aux défis complexes, voire existentiels auxquels nous sommes confrontés ». « Nous ne pouvons pas créer un avenir digne de nos petits-enfants avec des systèmes conçus pour nos grands-parents », a plaidé le secrétaire général de l’ONU. En dépit de quelques « bonnes idées », « ce n’est pas le type de document révolutionnaire réformant totalement le multilatéralisme qu’Antonio Guterres avait appelé de ses vœux », avait toutefois souligné à l’AFP Richard Gowan, chercheur à l’International Crisis Group avant l’adoption du texte. Un avis partagé par de nombreux diplomates.
Déception et pommes de discorde
« De l’eau tiède », « le plus petit dénominateur commun », « décevant », ont déploré auprès de l’AFP des responsables présents. « Idéalement, on aurait espéré de nouvelles idées, des idées 2.0 », a insisté l’un des diplomates en pointant du doigt la difficulté à trouver un consensus ambitieux. Parmi les pommes de discorde des négociations, la lutte contre le réchauffement climatique, alors que la mention du terme « transition » pour sortir des énergies fossiles avait disparu pendant plusieurs semaines du projet d’accord avant d’y réapparaître. Autre dossier brûlant, l’exigence des pays en développement de réformer les institutions financières internationales, en militant notamment pour un accès facilité à des financements préférentiels pour faire face notamment aux impacts du changement climatique.
« Un avenir meilleur est à portée de main », a néanmoins déclaré le président de l’Assemblée générale Philémon Yang. « Nous avons ouvert la porte, il nous incombe désormais à toutes et à tous de la franchir, car il ne s’agit pas seulement de s’entendre, mais aussi d’agir. Aujourd’hui je vous mets au défi de passer à l’action », a pour sa part sommé Antonio Guterres après l’adoption du texte. Conçu dans le sillage de la pandémie de Covid-19, le secrétaire général de l’ONU avait lancé l’idée du « Sommet de l’avenir » en 2021, facilité par l’Allemagne et la Namibie, dans l’objectif de revigorer la collaboration multilatérale qui a échoué pendant la pandémie et les crises qui ont suivi. Censé présenter une « occasion unique » de modifier le cours de l’histoire de l’humanité, le pacte qui a découlé du sommet des 22 et 23 septembre n’est pas contraignant. « Je pense que le Sommet de l’avenir fera la différence, » a néanmoins salué l’ambassadrice américaine à l’ONU.